FRANCA RAVET
Franca Ravet vit et travaille à Bruxelles
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L’artiste est rapidement mature dans son travail, et développe sa propre créativité. Ses oeuvres se situent au croisement entre abstraction et figuration subtile. L’artiste s’attache à l’humain et à son empreinte, son ressenti, ses sensations. La transparence a dans son travail la plus grande importance: elle témoigne des choix de l’artiste d’effacer ou de laisser les traces de son processus créatif.
Les oeuvres toutes en finesse et en réflexion philosophique de Franca Ravet sont exposées en galerie depuis 1979. Après avoir conquis l’Europe et en particulier son pays natal, la France, le Luxembourg et le Portugal, elle a également exposé en Chine. L’artiste a également reçu des prix pour son travail et ses oeuvres font partie de collections privées et publiques.
EMPREINTES D’ATELIER
20 ANS DE CRÉATION SUR LES TABLES DE FRANCA RAVET
Franca Ravet, nous dévoile une œuvre fascinante qui repousse les frontières de la conceptualisation artistique.
Intitulée "Empreintes d’Atelier", cette exposition présente ses dernières œuvres ainsi que les surfaces mêmes sur lesquelles elle a travaillé pendant deux décennies, transformant ses tables de travail uniques en objets d’art à part entière.
À première vue, ces tables peuvent sembler chaotiques, couvertes de taches de peinture, de griffures et de marques variées. Cependant, en s’attardant, on découvre un récit in- time et complexe : chaque éclaboussure, chaque trace de pinceau raconte une histoire, reflétant les émotions, les idées et les processus créatifs de l’artiste au fil du temps. C’est un voyage à travers l’évolution artistique de Franca, une cartographie visuelle de ses moments d’inspiration et de doute.
Ce qui rend cette exposition particulièrement captivante, c’est la manière dont l’artiste nous invite à reconsidérer la notion de l’art fini versus l’art en cours de création. En exposant ses tables de travail, elle met en lumière le processus artistique lui-même, souvent occulté par l’œuvre achevée. Ces tables deviennent ainsi des monuments de la créativité brute, des témoignages de l’effort constant, de l’expérimentation et de l’évolution. L’approche de Franca rappelle les travaux des artistes du mouvement Arte Povera, qui utilisaient des matériaux ordinaires pour créer de l’art, soulignant la beauté et la valeur des objets du quotidien. Pourtant, elle va au-delà en intégrant ses propres outils et sup- ports de création, brouillant ainsi les frontières entre l’outil et le produit final.
La présentation de ces tables de travail en tant qu’œuvres d’art autonomes est une déclaration audacieuse sur la valeur du processus créatif. Elle nous pousse à réfléchir sur ce que signifie vraiment créer et apprécier l’art, nous rappelant que chaque œuvre finie est le résultat d’un voyage complexe et souvent chaotique.
Les «Tables de Travail - MMIV-MMXXIV» de Franca Ravet sont une célébration de la créativité en constante évolution. C’est une invitation à voir la beauté dans l’inachevé, à apprécier le processus autant que le produit final, et à reconnaître que même les outils les plus humbles peuvent devenir des œuvres d’art sublimes.
Espace Fragil, Septembre 2024
________________________________________________________________________________________Où est exactement la frontière entre ce que quelqu'un est et ce qu'il semble être ?
C’est une question difficile, mais cruciale pour déterminer l’identité d’une personne, pour la définir pour ainsi dire. Peut-être que toutes les apparences font ressortir ce que l'homme est ce qu'il est, c'est comme des couches de la même entité.
Ce qui est intéressant, de quelque manière que ce soit, en particulier lorsqu'un artiste le prend comme point de départ pour son travail. Avec son travail graphique, dans lequel elle manipule l’image construite couche après couche, sait changer de direction, jusqu’à ce qu’une coïncidence en émerge, une identité, Franca Ravet est sur le point de donner une réponse. C'est une recherche intense et obsessionnelle de la dualité de la personnalité, qui se dessine dans des images complexes mais toujours reconnaissables.
Dans sa série « Liens du sang », que l'on peut voir à la galerie Dessers à Louvain, elle va encore plus loin. Ici, elle examine l'identité en relation avec les membres de la famille, et plus particulièrement les questions qui restent cachées dans une famille : “Je présente une facette importante de mon travail qui se développe depuis une dizaine d’années sur la répétition obsessionnelle d’une empreinte graphique. Celle-ci s’est imposée de façon abstraite en un profil, en une trace identitaire ou en simple questionnement basé sur le ressenti. Ce travail qui touche plus à l’intime, n’est pas dans une pulsion narrative mais essentiellement dans la réflexion des non-dits familiaux”. Imaginer ce qui ne peut pas être articulé. C’est une quête qui n’a peut-être pas de fin, mais qui de toute façon donne un travail intrigant.
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Le travail de l’artiste est au départ basé sur une seule et unique empreinte graphique identitaire. Obsessionnelle, celle-ci s’impose de façon répétitive et c’est grâce au principe d’un vrai transfert et à la diffraction de l’image à l’infinie, qu’elle se démultiplie, se déforme et fixe différentes surfaces de réflexion.
Cette empreinte graphique (sorte d’IRM cérébral), pose « entre autres » des questions sur la conception, la transmission et l’effacement des informations mémorisées tout au long de nos vies.
Le stockage de données informatiques et les différentes techniques d’impression étant également au centre de préoccupations sur la pérennité de l’information graphique, c’est tout naturellement que l’artiste a voulu les expérimenter.
Les tirages qui ont suivi, apparaissent comme autant de possibles «arrêts sur image» ayant pour but la sauvegarde et mémorisation de l’œuvre.