SONIA ANICETO
Artiste belgo-portugaise, Sonia Aniceto est née à Lisbonne en 1976. Elle vit et travaille à Bruxelles.
C’est à travers ses techniques personnelles en perpétuelle évolution que Sónia Aniceto cultive son propre langage plastique, poétique et singulier.
Dans ses œuvres récentes, l’artiste s’abandonne au plaisir de l’expérimentation. A la constante recherche d'un dialogue entre peinture et broderie, s’invite un nouveau support : le « drop paper ». Un papier très fibreux qui apprivoise les cicatrices et les tensions produites par les points de couture. Strate après strate, le fil transforme le papier en tissus. Plus organique et modulable, cette nouvelle matière ouvre le chemin à la tridimensionnalité. L’aiguille n’est plus utilisé comme un crayon mais comme un métier à tisser, créateur de nouvelles « peaux » qui se rebellent jusqu’à s’extirper du papier.
Le dessin s’adapte et l’artiste s’amuse du caractère aléatoire. Ses interventions brodées sur le support des siné magnifient l’image. Parfois discrètes, presque insaisissables. Et à d’autres moments, omniprésentes. La machine s’affole et ponctue le papier de gesticulations furieuses, de boucles folles qui recouvrent et envahissent le dessin. Dans les deux cas, l’illusion du réel se trouve renforcée par la dimension tactile. Le graphite et les pigments à huile s’entrelacent pour mieux consentir aux grondements de la machine.
Ses œuvres évoquent le trouble lié à la recherche d’une identité à la fois perdue et en devenir. Elles mettent en scène la tension des rapports entre désir et répulsion, entre ce qui fascine et inquiète. A ce fracas d’émotions contraires vient se mêler une imagerie pleine de références à l’Histoire de Art, au corps, au lieu, à l’enfance.
Le corps est individu, fragmenté, contraint. Il s’habille et se déshabille, se joue de lui-même et fusionne avec le papier. Tandis que les paysages se laissent apprivoiser par des grilles et des structures jusqu’à l’immobilité. Entravé, il tente au fil des dessins, d’unir l’absolu et le fragment en accompagnant le déplacement des corps.
A son lexique habituel des piscines vides se greffe une nouvelle forme, plus abstraite, sorte de trou magnétique, de fenêtre vers un ailleurs. S’installe alors un va-et-vient entre le réel et l’imaginaire, entre conscient et inconscient, entre figuratif et abstrait. Dans cette nouvelle série, apparaît un début d’histoire, des narrations au caractère cinématographique et aux visages multiples, dans lesquelles la frontière entre réel et imaginaire est abolie.
Et l’image récrée le passé...
Pauline Dantonel